Billets qui ont 'Moreau, Jeanne' comme nom propre.

Ascenseur pour l'échafaud

Rendez-vous ce soir pour voir ce film à Fontainebleau — apparemment, nous l'apprendrons sur place, une association cinéphile s'est montée en septembre dernier et il y aurait un classique montré chaque troisième vendredi du mois.

Grand plaisir à revoir ce film que j'ai vu (au cinéma) pour la première fois durant l'été 1990.
Il m'apparaît très vite que je ne me souviens de rien.
Grande admiration devant le velouté des noirs, grand bonheur de voir marcher Jeanne Moreau (note pour moi-même: revoir Eva). Cette lente déambulation, les crimes croisés, m'évoquent Les Gommes.

1958. Le mur de Berlin n'était pas construit, Les Gommes datent de 1953, les guerres d'Indochine étaient proches, on pouvait faire demi-tour sur l'autoroute, le motel de Trappes était le dernier avatar de la modernité.

La lumière se rallume et catastrophe, le cinéphile responsable de l'association entame le débat avec la salle en le faussant dès le début puisqu'il commence par dire que le couple des jeunes gens jouent très mal («la direction d'acteurs des vingtenaires n'existait pas dans les années 50»).
Les interventions se succèdent et sont insupportables, affirmations gratuites non étayées. Chaque fois que j'assiste à un débat entre cinéphiles (vingt ans de blogs et de FB), j'ai l'impression que chacun représente une secte à lui tout seul.
Je finis par craquer et même si ce n'est pas très poli, nous nous levons, dérangeons nos voisins et quittons la salle. La prochaine fois nous le ferons dès que les lumières se rallumeront.

Notes sceptiques: ce qui m'a frappée en revoyant ce film, c'est à tel point il est peu cohérent: une femme ayant un amant secret ne passe pas sa nuit à interroger tous les bars et hôtels. Cela prouve seulement que l'enjeu n'est pas là, mais dans la construction lente du cercle qui se referme.

Oubli

Quatre jours m'ont suffi pour désapprendre à travailler.
Vers la fin de la journée, j'ai au téléphone une dame née en 1939 présentant tous les symptômes de Doris (cf. Le Monde de Nemo). Aucune mémoire immédiate, quarante minutes de conversation. Elle comprend, mais elle oublie aussitôt. Je suis désolée de ne vraiment rien pouvoir faire pour l'aider par téléphone. J'essaie de lui faire noter des points de repère, mais elle oublie de regarder sa feuille…

Nathalie Granger. Mazette. L'absurde sans second degré (ou presque: «Votre machine est une 008». Très tongue in cheek, dans ce cas. Après tout, peut-être que je me trompe complètement). Lorsque je regarde ce genre de film, je ne le regarde pas, j'essaie de reconstituer les spectateurs de l'époque dans la salle (mais bien sûr c'est impossible).

Lisa va retourner à Berlin dans quelques semaines. Je n'ai pas l'impression qu'elle ait été très heureuse, très à l'aise, en France. Il faut dire qu'elle avait des collégiens en classe.
J'apprends qu'il y a une cafétéria tout en haut de centre commercial Sonycenter à Berlin, au-dessus du musée du cinéma, et que de là-haut on domine tout Berlin.
Elle m'apporte un magazine, Fluter, qui est envoyé gratuitement dans le monde entier à toute personne en faisant la demande. C'est un magazine né après la seconde guerre ayant pour ambition d'apprendre la démocratie aux Allemands. C'est un journal d'Etat pour l'éducation politique (en français, ça sonne très soviétique): "Magazin der Bundeszentrale für politische Bildung". Il est très critique envers les excès de la mondialisation.

Elle lit Le Piéton de Paris de Léon Paul-Fargue (en allemand).
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.